Les perles

Perle dans moule unioLes perles ont été considérées pendant longtemps comme une gemme des plus précieuses malgré leur faible dureté (comparée aux rubis, saphirs, émeraudes, diamants…). Les perles et nacres furent recherchées par les civilisations orientales (chinoises, indiennes et arabes) pour orner meubles, instruments, armes et bibelots précieux afin de les réhausser par des incrustations mettant en valeur le travail de l’artisan.

Comme les autres matières organiques, les perles peuvent être considérées parmi les premières gemmes à être utilisées par les anciens dans les bijoux car elles ne requièrent aucun travail (de taille) pour montrer leur beauté. La distinction entre perle fine et de perle de culture est une des principales questions posées aux gemmologues lors de l'évaluation. Cette différence peut parfois être observée facilement mais dans de nombreux cas l'identification sera laissée à des laboratoires spécialisés utilisant les techniques de rayons-X ou de Pearloscopie.

Il y a plus de trois mille ans, déjà les Chinois pratiquaient la culture de perle en utilisant des moules afin de faire recouvrir divers objets d'un manteau de nacre (Lac Tahu, Kiangsu). Par la suite, ce furent de fines figurines de plomb à l'image de Bouddha qui servirent de noyau. Les perles fines (celles qui ne sont pas cultivées) étaient recherchées dans le sud de l'Inde, le Golfe Persique. Les zones d’exploitation commerciales se sont étendues et déplacées avec le temps (Chine, Sri Lanka, Birmanie, Amérique, Japon, Sud-Est asiatique, Australie, Polynésie Française. Lorsque les Espagnols arrivèrent en 1533 au Mexique, ils remarquèrent la beauté des perles trouvées par les indigènes et leur habilité à plonger. A partir du 16 eme siècle, la majorité des grandes perles de couleur argentée, grise, ou aux reflets verts ou mauves mises sur le marché en Europe proviendra du golf de Californie.
Ces perles orneront les parures des grandes familles et les objets de culte dont ceux des Cathédrales de Tolède et de Séville. A partir de 1870, les perles seront cherchées intensivement à l'aide du scaphandre lourd. Suite à la demande grandissante, une exploitation peu rationnelle et l'appauvrissement de la mer des tentatives de cultures seront essayées au Mexique, au Japon, en Polynésie.

Tokichi Nishikawa fut la première personne au Japon à être capable de produire des perles de cultures sphériques dont le procédé fut repris, développé et exploité par la suite par Mikimoto. (Le brevet fut déposé en 1896). A la grande fureur de certains joiailliers de la place Vendôme, ce sont les scientifiques français (dont Boutan vers 1920) qui ont contribué à la promotion des nouvelles techniques et des nouveaux produits en soulignant que les perles fines et les perles de culture résultaient de la mise en oeuvre de mécanismes naturels autour d'un noyau.

 

LA CULTURE

 

Bague rehaussée de deux perles de TahitiLa perle est un produit NATUREL d’origine animal qui dépend de la récolte annuelle. Celles-ci peuvent-être bonnes ou mauvaises. La difficulté de l’approvisionnement des perles dépend de nombreux éléments naturels difficiles à métriser ( la température de l’eau, le teaux de plancton, l’action de prédateurs, la salinité de l’eau...). Les perles peuvent être cultivées en eau douce ou en eau de mer. Les perles de "Tahiti"sont cultivées dans des mers chaudes et dans des grandes huîtres. Les perles de mer japonaise sont appelées "Akoya". Il faut trois à quatre années pour qu'une huître perlière arrive à maturité et pour que l'on puisse y implanter un noyau. Ce dernier est généralement constitué d'une petite pièce, polie et sphérique de nacre. Introduite dans l'huître la perle viendra se former. Il faut encore y implanter le morceau du lobe du manteau d'une autre huître pour que lentement la perle commence à se former, résultat de couches successives d'aragonite, de calcite et de conchioline sécrétée par l'huître.

La qualité de la perle résulte dans une large part, de l'habilité avec laquelle le noyau a été introduit, mais aussi de l'environnement maritime dans lequel se trouve l'huître. C'est pourquoi les fermes perlières analysent continuellement et surveillent rigoureusement la qualité de l'eau, la quantité de plancton et les variations de températures… L’endoscope est un instrument qui permet la distinction entre perles de culture et perle fine. De nombreuses fermes perlières se trouvent dans des baies aux eaux tranquilles. Ces baies sont divisées en différents secteurs adaptés à une phase bien précise de la culture perlière. Certains secteurs seront spécialisés dans l'élevage des huîtres, d'autres dans l'insertion du noyau dans l'huître. Actuellement, les perles d'eau douce sont principalement cultivées dans des lacs et rivières près de Shanghai.
 

 

L'INSEMINATION

L'huître est sortie de l'eau une demi heure avant de commencer l'insertion du noyau afin qu'elle s'ouvre pour faciliter l'introduction des spatules qui permettent l'introduction du noyau et du morceau de tissu du manteau. L'opérateur découpera un petit canal dans lequel il introduira le noyau et la pièce de tissu d'une autre huître qu'il a découpée. Ce tissu survit à peu près deux heures une fois que l'huître a été ouverte. La pièce de tissu provenant du manteau que l'on introduit dans l'huître est proportionnelle à la grosseur du noyau qui a été introduit Généralement, le noyau provient d'une boule taillée d'un coquillage appelé UNIO que l'on trouve dans le Mississippi. L'opération d'insertion du noyau doit se dérouler rapidement afin d'éviter tous dommages pouvant être occasionnés à l'huître, car plus longtemps les huîtres restent ouvertes plus le taux de mortalité est grand. Afin de réussir le mieux possible cette opération, l'opérateur travaille avec des outils appropriés qui sont entre autres : des pinces permettant de maintenir le coquillage ouvert et de nombreux petits outils comparables à ceux utilisés en chirurgie. Plus le noyau introduit dans l'huître est long plus la probabilité que la perle devienne baroque est grande et plus il y a de chance que l'huître rejette le noyau introduit. Après la greffe, les huîtres sont amenées dans des eaux profondes où la température est stationnaire.

 

LA RECOLTE

Avant la « culture perlière », il fallait pour récolter une perle fine ouvrir plus de 500 pinctadines (huîtres) dans le Golfe Persique, 5.000 dans l'a’chipel Philippin et 15.000 pour obtenir une perle noir de Polynésie. Actuellement, la production de perles et de nacre est devenue la base d’un système élaboré ne laissant aucune place à l’improvisation. Les huîtres sont ouvertes à l'aide d'un couteau ensuite les muscles adducteurs (qui servent à l’ouverture et à la fermeture du coquillage) sont coupés et mis de côté. Ils peuvent être fris pour servir dans l'industrie alimentaire. Moins de la moitié des perles récoltées sont de qualité suffisante pour être utilisée en joaillerie. Celles dont la qualité est insuffisante sont utilisées pour l'industrie cosmétique. Les perles sont ensuite nettoyées afin de leur enlever le mucus ou les autres saletés qui y ont adhérés. Ensuite, un rapide premier tri est effectué pour séparer les baroques des perles sphériques.

 

LA COMPOSITION

Collier de perles d'eau douce baroquesLa nacre irisée et chatoyante est secrétée par le manteau qui enveloppe le corps les huîtres et les moules. Ce procédé naturel est appelé « biominéralisation ». Coupe d’une perle de culture. La nacre perlière est disposée en couche concentrique autour du noyau de nacre coquiller. La nacre peut se définir comme une surface irisée et brillante qui reflète la lumière et la décompose par interférence. L’éclat pourrait être considéré comme le « brillant » et l’orient comme l’irisation mais ces critères ne sont pas mesurables et définissable avec précison. L’observation de sa structure complexe peut être vue au microscope électronique à réflection. Les perles sont composées de carbonate de calcium (cristaux d'aragonite), de conchioline (une matière organique servant de liant aux petits cristaux d'aragonite) et d 'eau. C'est cette structure cristalline concentrique de couche se superposant qui permet à la lumière d'être diffractée sur les différentes couches de nacre et de lui fournir ces effets irisés. Le poids des perles est exprimé en mommes ( une momme équivaut à 3.75 grammes) ou en grains ( un grain équivaut à 1/4 de carat.) 1 2 1 1) Formation d’une perle 2) Formation dune perle mabe LES QUALITES Les perles sont enfilées par rang de même qualité. Pour cette raison les perles sont classifiées en utilisant des références fixes qui sont : la couleur, la forme les aspérités de peau de la perle, l'orient la nature de la perle (perle d'eau douce, perle de culture Akoya…) Les perles de différentes qualités ou de différentes couleurs ou de forme sont classifiées d'après l'emploi auquel elles seront destinées (complètement forées, 1/2 forées, 3/4, etc... ) La détermination des couleurs de perles se fait par la détermination d'une analyse chromatique. L'appareil utilisé pour déterminer la couleur fonctionne grâce à un rayon lumineux envoyé sur la perle (l'instrument analyse et étudie la réflection lumineuse). Des spécialistes effectuent des contrôles pour vérifier la qualité de ce premier triage. Généralement avant d'être utilisée en bijouterie les perles sont forées. Pour chaque perle, on choisira une position pour le forage qui permettra à la perle de mieux montrer sa beauté en prenant en considération des critères de qualité. Après que les perles aient été soigneusement réunies en groupe, elles sont soigneusement rangées et enfilées.

 

L'EVALUATION

Boucles d'oreille rehaussée de brillants et perles d'eau douceObservation au microscope de la peau de la perle montrant le recouvrement de couches de nacres. Par la grande variété de forme et de couleur, il est difficile d’obtenir des produits « standarts ». Chaque perle est unique par sa couleur, son lustre, sa peau, son diamètre, sa pureté, son poids. Il est nécessaire pour cha que type de perle de créer un bijou « personnalisé ». Il n’est pas aisé de composer et de graduer un collier car un même collier comprend des perles de différentes sortes. La part relative de chaque critère qui permet d'évaluer la beauté des colliers ne dépend que des goûts personnels de chacun. La valeur accordée à la couleur dépend de la région dans lequel les perles sont vendues. Généralement, la quantité de ton rosé que comprend une perle augmente sa valeur. Lorsque l'on juge de la couleur d'une perle, l'on tient compte non seulement de la couleur de propre à la perle, mais aussi de son éclat (son brillant). La couleur ainsi que le diamètre est choisi par chacun en fonction de ses goûts personnels et de ses moyens, ce qui aboutira toujours à un compromis. Il est difficile de trouver deux perles parfaitement identiques, même lorsqu'elles paraissent fort semblables, il existe de petites différences à peine perceptibles. Les perles enfilées sont classées en deux catégories : le chocker et la chute. On appellera chocker des perles de même diamètre, et chute un ensemble de perle qui diminue progressivement de grosseur.

 

BIEN PRENDRE SOIN DES PERLES

Collier multi-rangs de perles d'eau douceLes perles étant produites par un organisme vivant nécessite des soins particuliers afin de les protéger de la sécheresse ambiante et les protéger des attaques acides. - N'entreposer pas vos perles dans un endroit trop chaud ou sec, elles pourraient se dessécher. - Si vous déposez des bijoux dans un coffret, veillez à ce que vos perles ne frottent pas contre d'autres bijoux, ce afin d'éviter de les griffer. - N'utilisez de la laque, du parfum ou du maquillage qu'avant de mettre votre collie, ne les mettez pas en contact avec des agents de blanchiements (dont les lessives), de l’eau de javel. - Faites enfiler les perles en les séparant par des nœuds. Vous éviterez ainsi, qu'elles ne se frottent les unes contre les autres ce qui peut les endommager ou bien de toutes les perdre si le collier venait à casser. Lorsque le collier est porté fréquemment, il convient de vérifier l'enfilage de temps en temps.

 

LEXIQUE

ABALONE : Coquillage univalve recherché pour ces couleurs multiples de nacre. Ce coquillage peut produire des perles de cultures baroques dont l’irridescence peut être similaire à celle du coquillage. L'abalone vit près de Nouvelle Zélande, Etats Unis. AKOYA : Huître utilisée pour la culture des perles ( de mer ) au Japon ( Pinctada Martiens). Ce mot est fréquemment utilisé pour signifier les perles provenant du Japon.
BAROQUE : perle de forme irrégulière.
BIWA : Nom d’un lac situé au Japon,ou des perles d’eau douce sont cultivées. Ce terme est utilisé également pour désigner les perles qui ont pour origine le lac Biwa.
BLISTER : perle également appelée mabe.
CHOCKER : Collier dont la longueur est habituellement de 40 cm (38 ou 42 pour certains diamètres), pour lequel les perles ont un diamètre identique.
CHUTE : Collier dont la longueur est habituellement de 40 cm (38 à 42 pour certains diamètres), pour lequel les diamètres des boules ne sont que très légèrement diffèrent avec la perle adjacente, diminuant de façon graduelle vers les extrémités.
CONCH : Perle de couleur rose provenant du strombus gigas. La couleur rose est disposée de façon "concentrique"
CULTURE (perle de) : sont des concrétions perlières secrétées à l’intérieur des mollusques suite à l’intervention humaine par l’insertion d’un nouyau. La sécretion des couches nacrées est une réaction métabolique des mollusques vivants.
GOLD LIP : Pinctada Maxima, principalement cultivée dans le Sud Est asiatique caractérisé par des couches extérieures de couleur dorée ou jaune. Ce coquillage produit généralement des perles dorées ou jaune.
IMITATION : Perle dont l’apparence ressemble à des perles naturelles ou de culture mais fabriquée entièrement par l’homme. Ex : Perles de Majorque. Le noyau peut consister en de la nacre, du verre, de la cire peinte.
KAN : Mesure de poids japonaise. Un KAN équivaut à 1.000 mommes. KESHI : Mot japonais désignant de petites perles formées de façon naturelle généralement due à l’intrusion d’un corps étranger (parasite, grain de sable...) dans le mollusque. Mot japonais signifiant mêlée.
LUSTRE : Terme désignant l'apparence de la surface d’une perle par sa propriété de réfléchir la lumière.
MABE : Sont des protubérences à l’intérieur de la coquile. Ces perles sont caractérisées par des demi-sphères, gouttes, formes baroques. Ces noyaux ont été déposés entre le mollusque et le coquillage.
MAJORQUE : (Perle )de Majorque nom général utilisé pour décrire des imitations de perles fabriquées dans l’île de Mallorque. MARGARICULTURE : élevage d’huîtres perlières.
MANTEAU : Partie comprenant certains tissus d’une huître, ces tissus sont également utilisés dans une autre huître afin de produire des perles.
MELEAGRICULTURE : élevage d’huîtres perlières.
MELEANIGRICULTURE : élevage d’huîtres perlières.
MOMME : Mesure de poids japonaise. Une momme équivaut à 3.75 grammes.
ORIENT : Etat du Lustre décrivant l’irridescence
OSTREICULTURE PERLIERE : élevage d’huîtres perlières.
Perles de CULTURE : sont des concrétions perlières secrétées à l’intérieur des mollusques suite à l’intervention humaine par l’insertion d’un nouyau. La sécretion des couches nacrées est une réaction métabolique des mollusques vivants. Ce terme désigne plus spécifiquement les perles de type Akoya.
Perle d'eau DOUCE : Perle cultivée dans une moule en rivière ou lac.
Perle FINE : Perle produite sans l'intervention de l'homme
SILVER LIP : Pinctada Maxima, huîtres de mer cultivées dans les eaux Nord Australienne et indonésiennes, dont les couches extérieures sont de couleur blanc-argenté. Ce coquillage est parfois appelé (White Lip).
SOUTH SEA PEARLS : Terme général utilisé pour décrire des perles de mers produites à partir des coquillages dont la pinctada maxima et la pinctada margaritifera.


BIBLIOGRAPHIE

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NACRES ET PERLES, édité par Musée Océanographique de Monaco Farn A. E., (1986),
PEARLS NATURAL, CULTURED AND IMITATION, Butterworths Genot L., notes de cours « Les Perles » , 1997 Shinsoshoku, (1991),
PEARLS OF THE WORLD, édition les Joyaux